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Kaftrio : une nouvelle publication valorise à l’international le travail collaboratif français
Les recherches scientifiques autour de Kaftrio ne cessent de continuer, notamment sur l’efficacité du traitement en fonction des mutations génétiques. Les mutations du gène CFTR de classe I empêchent la production de la protéine CFTR. Pour bénéficier de Kaftrio, les personnes atteintes de mucoviscidose doivent avoir au moins une mutation qui ne soit pas de classe I. En effet, les personnes porteuses de deux mutations de cette classe I ne répondent généralement pas au médicament, car il est inefficace pour elles. Néanmoins, certaines mutations de classe I, très rares, peuvent entraîner la production de protéine CFTR, permettant ainsi au médicament d’être efficace. Ces observations ont motivé les scientifiques à aller plus loin dans les investigations.

En s’appuyant sur les données du programme compassionnel français d’accès à Kaftrio (cadre de prescription compassionnelle, CPC), ainsi que sur les bases de données CFTR-France et CFTR2 (https://www.vaincrelamuco.org/2017/07/03/cftr-france-la-base-de-donnees-des-mutations-cftr-rares-reconnue-linternational-2012), les chercheurs ont pu lister :
- 955 mutations de classe I dites “véritables”1, qui bloquent totalement la production de la protéine CFTR (c'est-à-dire dont il est démontré ou présumé qu'elles entraînent l'absence de protéine CFTR). Ces mutations sont considérées comme non répondeuses à Kaftrio et l'absence de réponse a été confirmée par des preuves cliniques dans le cadre du CPC pour 108 mutations figurant dans cette liste.
- 78 mutations de classe I dites “exceptionnelles”, qui peuvent permettre la production de la protéine.
Parmi ces mutations exceptionnelles, pour 11 on dispose de données cliniques2 dans le cadre du programme français CPC :
- 6 mutations ont été jugées probablement répondeuses au traitement,
- 5 mutations probablement non répondeuses à Kaftrio.
Ces informations, publiées dans la revue internationale eClinicalMedicine3, sont extrêmement utiles car elles indiquent la démarche à suivre pour les personnes atteintes de mucoviscidose présentant 2 mutations de classe I, dont au moins une de ces 78 mutations « exceptionnelles ». Les scientifiques sont clairs : il faut leur donner l’opportunité de tester Kaftrio, comme cela a été déjà le cas en France.
Les acteurs français de la lutte contre la mucoviscidose peuvent être fiers de ces résultats, fruit d’un travail collaboratif acharné, rendu possible grâce aux investissements récents dans les études en vraie vie, notamment par Vaincre la Mucoviscidose, mais aussi au soutien historique de la base CFTR-France par l’association.
C’est une belle reconnaissance de l’expertise française dans la lutte contre cette maladie !
2. L’objectif du CPC n’était pas de tester l’efficacité de Kaftrio sur des mutations spécifiques. C’est après-coup que les chercheurs ont analysées les données disponibles, en s’intéressant plus particulièrement à ces mutations
3. Burgel, Pierre-Régis et al. eClinicalMedicine, Volume 88, 103476
Elexacaftor-tezacaftor-ivacaftor in people with cystic fibrosis harbouring two CFTR Class I variants: real-world data from the French compassionate programme