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Une piste pour contrer les effets de certaines mutations

Un travail collaboratif démontre qu’un extrait de champignon, le Lepista inversa, peut restaurer la fonction de la protéine CFTR (*) dans des cellules de patients atteints de mucoviscidose. Les résultats de ces travaux sont publiés dans la revue scientifique PLoS One.

Dernière mise à jour 12.12.2017 à 11h15

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Une mutation présente sur un gène et qui conduit à un arrêt prématuré de la synthèse d’une protéine est appelée mutation STOP ou mutation non-sens.

Dans le cas de la mucoviscidose, 15,4 % des patients sont porteurs d’au moins une mutation non-sens, selon le bilan 2015 des données du Registre français de la mucoviscidose. À ce jour, il n’y a pas de traitement qui cible l’origine de la maladie pour ce type de mutation.

Une recherche financée par Vaincre la Mucoviscidose

Des travaux réalisés par des chercheurs français (**), grâce à des financements de Vaincre la Mucoviscidose (***), ont démontré qu’un extrait de champignon (le Lepista inversa ou clitocybe inversé) permet la production de protéines CFTR dans des cellules issues de patients porteurs de mutations non-sens. Ces résultats sont publiés dans la revue scientifique PLoS One, sont expliqués dans un communiqué de presse de l'Inserm et ont fait l'objet d'une interview sur France inter dans l'émission scientifique La Tête au carré.

Avec l’aide de la plate-forme nationale de recherche clinique (PNRC) en mucoviscidose, et des données du Registre (****), Fabrice Lejeune, chercheur Inserm à l’Institut de biologie de Lille, et son équipe ont pu entrer en contact avec des cliniciens et susciter leur l’intérêt pour ce projet.

Testé sur des cellules de la muqueuse nasale

Ainsi, trois patients des centres de ressources et de compétences de la mucoviscidose (CRCM) de Cochin adulte à Paris et de Lyon pédiatrie, ayant deux mutations non-sens du gène CFTR, ont accepté de participer au projet. Des cellules de la muqueuse nasale ont alors été récupérées et mises en culture avec l’extrait de champignon.

8 kg de Lepista inversa (champignon comestible que l’on peut trouver en Ile-de-France) ont dû être ramassés pour la préparation d’un extrait qui, lorsqu’il est mis au contact des cellules des patients, restaure de façon significative la fonction de la protéine CFTR.

Depuis, 12 patients supplémentaires (des CRCM Lyon adulte, Montpellier, Cochin et  Robert Debré à Paris) ont été inclus. D’autres CRCM, qui suivent des patients porteurs de deux mutations non-sens, ont été invités à prendre part au projet.

Première étape

Ce travail de recherche fondamentale ne représente qu'une première étape puisqu'il faut maintenant identifier le (ou les) composé(s) actif(s) dans cet extrait de champignon afin de pouvoir évaluer la concentration efficace et le niveau éventuel de toxicité. La route est donc encore longue pour arriver au stade du développement clinique d’un médicament qui cible l’origine de la maladie pour les mutations non-sens.

Mais cette collaboration fructueuse entre chercheurs, patients et soignants, soutenue par Vaincre la Mucoviscidose, est porteuse d’espoir.

(*) CFTR: Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator. Chez les patients atteints de mucoviscidose, la protéine CFTR est déficiente ou absente.
 
(**) De l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), du Muséum national d’histoire naturelle, du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), de l’université de Lille et de l’Institut Pasteur de Lille.

(***) Vaincre la Mucoviscidose a financé les travaux de l’équipe de Fabrice Lejeune à plusieurs reprises et dernièrement lors de l’appel à projets 2014 en accordant un financement de 22 000 euros pour le projet " Correction de mutations non-sens dans le gène CFTR dans des cellules épithéliales des voies aériennes supérieures par des molécules chimiques ".
 
(****) Les données du registre ont permis d’identifier les CRCM qui suivaient des patients porteurs de deux mutations non-sens du gène CFTR.

Crédit photo: Fotolia © Chodyra Mike